Apprendre & Pratiquer le métier d'écrivain

20 bonnes raisons de devenir écrivain -1- le don d’écrire

Les éditeurs refusent tous les jours des manuscrits d’auteurs n’ayant jamais appris à écrire de la littérature. Ne renoncez pas ! Formez-vous vraiment !   Chaque progrès dans l’art d’écrire vous donne une bonne raison de devenir écrivain.

Quand la compétence devient une bonne raison d’écrire…

Présentation de l’ouvrage

Frédéric Barbas revisite le manuel d’Antoine Albalat, l’art d’écrire en 20 leçons. Correcteur d’édition et formateur pendant 15 ans à L’esprit livre, il a constaté à quel point l’apprentissage de l’écriture littéraire est nié en France, occulté par la persistance d’une vision romantique de l’écrivain naturellement inspiré. Le taux d’échec des auteurs débutants reste tristement célèbre : moins de 1 % des manuscrits envoyés aux éditeurs par la poste sont publiés. Cette statistique n’a suscité aucun changement d’attitude. À croire que de nombreux auteurs français rechignent à apprendre. Frédéric Barbas met en perspective les besoins de ceux qui désirent se former. Les lecteurs comprendront pourquoi ces savoirs ne peuvent pas s’acquérir seul en tâtonnant ou en picorant des conseils diffusés sur Internet.  Une sérieuse formation reste nécessaire avant de parvenir à transmettre cette petite voix singulière, ce style tant recherché par les éditeurs et les lecteurs.

Antoine Albalat est un auteur exhumé de la poussière de notre 19e siècle. Il sert de référence aux rares spécialistes. Ce pédagogue hors pair a élaboré des méthodes d’écriture pratiques à une époque où la collection « Pour Les nuls » n’existait pas encore. Il excelle pourtant à détailler les rouages d’un art éternel : celui de communiquer sa pensée afin d’ être compris et d’attiser l’intérêt.  « Il ne s’agit pas ici d’enseigner l’art d’écrire en soi ; il s’agit d’exposer comment on peut apprendre à écrire, en étudiant et en s’assimilant les procédés des bons écrivains. »

Cet ouvrage est une tentative pour lutter contre l’oubli d’une discipline et un encouragement adressé à ceux qui oseront se lancer dans l’aventure de ces apprentissages.

Préface

L’étrange charrette d’Antoine Albalat

Les propositions de formation d’écriture pullulent et avec elles, des promesses grotesques comparables aux produits miraculeux. Combien de fois ai-je lu « Perdez dix kilos en trois semaines », « Apprenez telle langue étrangère en deux mois » ou « Changez le cours de votre vie en quelques heures » ?  Je ne crie pas au charlatanisme ou à l’escroquerie : certaines choses fonctionnent, d’autres non, c’est tout ce qu’il m’est possible d’affirmer sur la base d’observations empiriques. Je sais aussi combien la malhonnêteté prospère sur le dos de la crédulité, et avec quelle avidité des personnes dénuées du moindre scrupule affaiblissent les fragiles pour mieux laisser les faibles exsangues.

Peu désireux d’être l’invité d’honneur au bal des gogos ou l’attraction principale de la foire aux jocrisses, quand une offre est susceptible de m’intéresser, quel que soit le domaine, je me renseigne ; j’invite chacun à agir de la sorte avant de jeter son dévolu sur la dernière trouvaille à la mode guérissant précisément les maux dont on souffre ou la énième méthode miracle pour devenir millionnaire. Quand j’ai eu entre les mains L’art d’écrire enseigné en vingt leçons, je connaissais son auteur de nom, sans plus, s’ajoutant à l’interminable liste de ceux dont le patronyme résonne davantage que leur œuvre. Du moins le pensais-je.

Lorsque je découvre un écrivain sur le rayonnage d’une librairie, je fais ce qu’on appelle de nos jours « donner sa chance au produit » ; en l’occurrence, je parcours les premières lignes. S’il s’agit d’une œuvre de fiction, nul besoin de m’attarder plus de trois ou quatre pages : une accroche réussie, du style, une expression mordante, de l’originalité, du rythme et de la fluidité… Quand un romancier a bien en main les rênes d’un tel attelage, j’ai envie d’embarquer avec lui ; que deux ou trois roues manquent à cette charrette de mots m’incite à la regarder sans un regret rejoindre le convoi sans fin de la médiocrité ambulante. Cette conscience provient de la lecture attentive de L’art d’écrire enseigné en vingt leçons, une drôle de charrette qui tient sacrément la route depuis bien longtemps, avec un bien curieux cocher, Antoine Albalat.

Cet écrivain a donné un coup de fouet à son art, dégageant de son chemin les vieux théoriciens, jetant dans le fossé analyses étroites et certitudes datées. Place nette, donc.  Sous la plume d’Albalat se déploie un nouvel espace d’analyse des procédés littéraires soigneusement étudiés avec le désir d’en tirer des savoir-faire bien concrets. La littérature cesse d’être avec lui une discipline de contemplation admirative et élitiste pour devenir un art à pratiquer comme toutes les autres disciplines artistiques.

   Leçon 1    

Le don d’écrire

Un génie méconnu

Antoine Albalat (1856-1935) n’a probablement pas connu la notoriété qu’il méritait, même s’il a publié de nombreux ouvrages, dont l’un récompensé par l’Académie française (Le travail du style enseigné par les corrections manuscrites des grands écrivains). L’aspect très succinct de sa page Wikipédia témoigne du peu de traces qu’il a laissées dans la littérature du 19ème siècle, bien qu’il ait écrit des livres majeurs, comme L’art d’écrire enseigné en vingt leçons (1899), sur lequel on va se pencher ici. S’il est intéressant de revenir sur cet ouvrage, c’est, entre autres, parce qu’il permettra à chacun de progresser dans son écriture en découvrant la justesse et la concision de la pensée de l’auteur mises au service de son expérience dans le domaine.

Dès sa préface, Albalat donne le ton : « La nécessité d’un guide est absolue pour les natures moyennes, car il s’agit  ici non des génies, non des futurs grands hommes à qui on n’enseigne rien parce qu’ils se passent de tout, mais de ceux qui ont une vocation ordinaire et qui peuvent doubler leur talent par l’effort et les conseils. ». On pourrait ici juger l’auteur prétentieux, comme s’il s’évertuait avec condescendance à séparer le bon grain de l’ivraie, mais il faut surtout y voir sa révérence envers ceux qu’il considère hors d’atteinte, et les autres, nous tous ou presque, qui avons besoin d’être mis sur les bons rails. La dernière partie du passage indique d’ailleurs qu’il ne les méprise pas mais croit au contraire en leur capacité à s’élever sous sa houlette bienveillante. Il aurait en revanche plutôt tendance à déconsidérer certains de ses pairs qui, selon lui, ne sont pas parvenus à faire « la démonstration des procédés du style » ni à mettre en évidence « la décomposition du métier d’écrire ».

Une offre actuelle bourrative, mais peu nourrissante

S’il existe aujourd’hui pléthore de manuels ou de traités évoquant le sujet, il faut avouer que, dans la plupart des cas, ils ne proposent rien de bien novateur ou de suffisamment profond pour apporter une aide significative au lecteur qui se verra jeter en pâture des généralités.

Bien sûr, on trouve tout de même de très bons auteurs présentant des méthodes alliant pragmatisme et théorie, mais Albalat représente l’avant-garde dans sa capacité à retirer la quintessence des écrivains en herbe et à concevoir une réflexion aussi aboutie sur la façon de mettre à la disposition de son lecteur de précieux outils.

Il convient bien sûr de citer quelques pointures parmi celles qui ont pris la relève :

  • Victor Chklovski : Technique du métier d’écrivain – L’esprit des péninsules
  • Alain André : Devenir écrivain ‒ Un peu Beaucoup Passionnément ‒ Leduc. S Editions
  • Hubert Haddad : Le Nouveau Magasin d’écriture ‒ Zulma
  • Bernard Pivot : Le métier de lire ‒ Folio
  • Alberto Manguel : Une histoire de la lecture ‒ Babel
  • Alberto Manguel : Journal d’un lecteur ‒ Babel

Le nécessaire développement du style

Antoine Albalat est l’homme qui veut vous faire écrire tout en ayant conscience qu’il ne faut pas encourager le plumitif, regrettant sans les craindre « ceux qui gâcheront le métier ». Il déplore le médiocre sans vraiment le condamner, conscient que chacun, à son niveau, est capable d’aligner quelques idées, voire de les rendre intéressantes. Son crédo, c’est le style, par lequel tout passe, tout s’explique, tout se dit. Il ne faut pas voir, sous la plume d’Albalat, le style comme n’étant forcément que quelque chose de sophistiqué, il le renvoie même à l’occasion au parler paysan, à l’expression simple de qui charrie une émotion ou traduit une impression par une image. Mais bien entendu, il fait aussi référence à Rousseau, La Bruyère ou Montesquieu, « d’immortels modèles ».

Albalat parle de la science des phrases, c’est une excellente formule. Il faudrait que chacune et chacun aient conscience de ça pour améliorer son écriture. Il est peut-être audacieux  ‒ certains diront prétentieux ‒ de rapprocher l’art d’écrire à une science, mais le fait est que la cohérence que réclame le fait de répandre ses pensées peut se voir comme quelque chose exigeant une rigueur scientifique. Sinon, on se fourvoie dans un amateurisme confortable laissant la place à une piètre littérature.

Il dit encore une chose importante : « Je crois qu’on peut enseigner à avoir du talent ». C’est une déclaration transgressive. Les apôtres du génie inné se révolteront contre ça, mais ils seront dépourvus d’arguments quand ils se verront confrontés au réel : l’art s’acquiert. Personne ne trouvera rien à redire au fait qu’un enseignement soit nécessaire à l’acquisition des bases de la peinture ou de la sculpture, mais l’écriture ! On touche là à un sujet tabou confisqué par une intelligentsia craignant d’être dépossédée d’on ne sait quel don qui lui reviendrait de droit. À propos de ça, Albalat affirme que « Le don d’écrire, c’est-à-dire la facilité d’exprimer ce que l’on sent, est une faculté aussi naturelle à l’homme que le don de parler. ». Soit, plutôt que quelque chose tenant du miraculeux, une faculté partagée par le plus grand nombre, à des niveaux différents, évidemment ; mais a priori, personne n’est censé en être totalement dépourvu.

Beaucoup d’happés, peu d’élus

Il ne faut cependant pas, comme c’est le cas de bon nombre d’aspirants auteurs, se faire happer par la croyance qui voudrait que posséder un don pour l’écriture renverrait au génie immédiat, lequel permettrait de s’inscrire sans faillir parmi les écrivains les plus brillants. Quand on débute dans le métier, car au-delà d’une passion c’en est un, on est souvent persuadé d’être détenteur des idées les plus originales et du style le plus pur. Sans trop se hasarder, on est en droit d’estimer que c’est rarement le cas. En revanche, on peut raisonnablement espérer acquérir une bonne plume pour peu que l’on ait le goût du travail et de la persévérance. L’étude attentive, entre autres, de L’art d’écrire enseigné en vingt leçons, contribuera à gagner beaucoup de temps dans son apprentissage. Comme le souligne Albalat, « Les trois quarts des personnes écrivent mal parce qu’on ne leur a pas démontré le mécanisme du style, l’anatomie de l’écriture, comment on trouve une image, comment on construit une phrase. ». C’est le fruit de son expérience qu’il souhaite ainsi partager, conscient qu’à travers son propre parcours, il a eu la possibilité de décortiquer tout un pan de la littérature de son époque qui, comme de nos jours, comptait des esprits virtuoses. À ce titre, son ouvrage demeure d’un étonnant modernisme.

Décapitez les préjugés

Albalat a mis à l’épreuve de son esprit tranchant les certitudes étroites. Quelques têtes farcies d’élégantes évidences ont roulé sur le billot de sa sapience. C’est avant tout un pédagogue, pas quelqu’un soucieux de vendre ses livres. Il n’aura jamais eu de cesse de répondre aux objections de ceux qui résistaient à l’idée d’apprendre pour se perfectionner. Pour ceux qui sont en passe de parfaire leur écriture, le questionnement quant à savoir si avoir recours à des manuels aux contours prévisibles les feront progresser est légitime. L’art d’écrire enseigné en vingt leçons sort des sentiers battus au point qu’il échappe aux discours éreintés des érudits et autres experts qui mettent leur nombril sous une loupe. Si Albalat veut convaincre, ce n’est pas par orgueil, mais parce qu’il pense que son acharnement à ouvrager ses phrases peut servir à d’autres. C’est sans doute la seule ambition qu’on pourrait lui prêter, celle d’être, comme lui, l’exigeant dominateur de sa verve. Le don d’écrire, finalement, c’est s’astreindre à connaître ses limites pour mieux pouvoir les dépasser.

S’il fallait conclure cette leçon, on pourrait dire qu’il s’agit du premier pas sur la Lune littéraire : enfoncer son pied dans un cratère pour voir une nouvelle poussière prometteuse s’en dégager…

Formation coaching d’écrivain

Chez L’esprit livre, un coach littéraire vous apporte les savoir-faire qui vous font défaut et facilite l’émergence et l’affirmation de votre style sans écrire à votre place, sans vous dicter ce que vous devez écrire.



 

Evaluez votre niveau d’écriture
L’art d’écrire en 20 leçons a inspiré L’esprit livre afin de
mesurer le degré de maîtrise de l’écriture narrative  : la lecture diagnostic.

Elle vous permettra de savoir  ce que vous maîtrisez dans l’écriture et ce que vous avez à apprendre.
Une bonne manière d’évaluer son niveau afin de choisir une formation.
Elle vous évitera des dépenses inutiles en sollicitant trop tôt un correcteur d’édition.

 

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