Apprendre & Pratiquer le métier d'écrivain

Écrire un livre en formation

Écrire un livre en formation est encore la meilleure manière d’apprendre : l’écrivain ne se limite pas à vous parler de sa manière d’écrire, il vous montre comment vous y prendre à chaque étape. Il ne s’agit jamais d’une simple correction d’un manuscrit déjà rédigé.  Cela fait toute la différence !

Apprendre, c’est bénéficier de l’expérience d’un écrivain plus expérimenté que soi. L’écrivain en formation transfère son savoir-faire : vous apprenez avec lui tout en rédigeant votre livre. Il s’adapte à vous, à votre projet et à vos besoins de formation. A une seule condition et cette condition est essentielle : que l’auteur en devenir accepte la critique. C’est ce que vous explique cet article d’une manière plutôt taquine…

Si vous suivez une formation avec un écrivain
Comment utilisez-vous les conseils des pros ?

Vous souhaitez écrire un livre et vous recherchez des avis de lecteur et des conseils de pro, une formation d’écriture ? Comment allez-vous vous en servir de ces conseils ? Cet article drolatique rédigé par un écrivain rompu à la formation d’auteur en ligne, va vous montrer à quel point il n’est pas si facile d’accepter la critique pour apprendre à écrire. Vous pourrez commencer à dessiner votre profil d’apprentissage…

1ère partie

Ayant eu à commenter des centaines et des centaines de textes amateurs, j’ai fini par établir différents profils d’écrivains en herbe. J’aimerais vous faire part de quelques-unes de leurs particularités récurrentes pouvant résonner chez chacun d’entre vous dans la mesure où vous pourriez vous y identifier. Ce partage à visée ludique vous permettra peut-être de dresser l’autoportrait-robot de l’auteur que vous êtes ou aspirez à devenir. Voire d’attirer votre attention sur ce qui, dans votre façon d’être par rapport à l’écriture et à son apprentissage, pourrait être abordé plus efficacement. Bien entendu, l’exercice réclame à la fois un peu de recul et d’autodérision…

Cause toujours, Je m’intéresse

Ego affamé n’a pas d’oreilles

S’il ne s’agit pas, et heureusement, du cas le plus fréquent qu’il m’ait été donné de rencontrer dans le cadre d’une relation littéraire, celui de l’apprenant qui dit aussi souvent « non » que la poupée chère à Polnareff n’en est pas moins réel. Ah ! celui-là, il est épatant : il est plus que tout avide d’apprendre mais à la seule condition qu’on lui dise ce qu’il souhaite entendre. Quand il déclare « je vous écoute », il faut donc comprendre « je m’entends ». C’est un « cause toujours, Je m’intéresse » typique, tellement absorbé par le désir qu’on prenne avant tout son talent en compte qu’il en oublie de se remettre en cause.

Il ne faut pas confondre amputation littéraire et don d’organe

Je serais malhonnête d’affirmer m’être vu systématiquement opposé des « non » fermes et définitifs de la part de ces personnes, seulement il arrivait fréquemment qu’un « oui mais… » fasse écho à chacune de mes suggestions. Et croyez-moi, il n’y a rien de plus redoutable qu’un « oui mais » lorsqu’on essaie de relever un point à améliorer en s’appuyant sur une phrase d’un écrivain débutant. Elle devient aussitôt à ses yeux plus importante que le plus vital de ses organes. J’ai parfois eu l’impression qu’il m’aurait été davantage aisé de retirer un rein à un auteur qu’une virgule à son texte.

Donnez-moi votre avis pour que je l’échange contre le mien

Quand en réponse à une remarque bienveillante le « oui mais » se transforme à tous coups en « oui mais non », puis en « non » tout court, le moindre progrès devient impossible. Certain(e)s n’effectuent la démarche d’être lu(e)s que pour recueillir les compliments qu’ils pensent mériter et reçoivent les conseils comme des attaques personnelles. Ces gens-là semblent n’avoir pas conscience d’une terrible évidence : quand on demande son avis à quelqu’un, il risque fort de vous le donner. Le problème étant qu’il est souvent différent de celui de la personne qui le sollicite.

Je crois avoir une meilleure idée

Le changement, c’est tout le temps !

Un souci rencontré assez régulièrement chez certains apprentis écrivains : avoir une nouvelle idée chaque fois qu’on leur soumet une piste de travail. Pas le prolongement de l’idée précédente, non ; cette dernière n’existe plus. C’en est une autre, qui peut radicalement changer les enjeux de l’histoire, en contredire le sens premier, bref, amener le récit tout à fait autre part. J’ai appris à redouter le moment où un stagiaire me disait : « Au fait, depuis vos dernières corrections, je crois avoir eu une meilleure idée ! ». Ce n’est jamais drôle de devoir doucher pareil enthousiasme.

La phrase qui reste à écrire possède toutes les qualités

Comprenez-moi bien : la venue d’idées neuves est une chose excellente. L’essence d’un écrivain est en partie constituée de sa capacité à se réinventer – tout en conservant sa patte. Il faut cependant se méfier des vertus de la nouveauté rendant moins séduisante – de façon trompeuse – une « ancienne » idée. Car l’attrait qu’on éprouve n’est pas obligatoirement dû au caractère supérieur de la nouvelle idée, mais à son potentiel, quand celui de l’idée précédente a déjà été exploité. On pense que ce qu’on n’a pas encore écrit sera meilleur que ce qui l’a déjà été, car en littérature ce qui n’existe pas ne possède aucun défaut.

Et si la première idée était la bonne ?

Il n’est donc pas rare que confrontée à la réalité du passage à l’écriture, la meilleure idée se révèle ne pas l’être tant que ça. Mon conseil aux apprenants se livrant à un chamboule-tout textuel pouvait consister en une série de questions : est-ce que c’est ce que vous aviez en tête en commençant votre histoire ? Est-ce que c’est ce qui vous a motivé à en entreprendre l’écriture ? Ce qui vous a donné l’énergie de vous y mettre ? Non ? Alors ne serait-il pas plus judicieux de conserver cette « meilleure » idée pour pleinement l’exposer et en tirer toute la quintessence dans une autre nouvelle ?

Parvenu à un certain stade de l’élaboration d’un récit, une idée aussi bonne soit-elle a peu de chance de prendre le pas de façon efficiente sur l’idée de base, car c’est cette dernière qui aura créé son propre élan, déterminé le ton de l’histoire et amorcé ses ressorts. Aussi changer d’idée en cours de route n’est tout simplement pas, sauf exception…une bonne idée.

Ne soyez pas un Petit Poucet sans cailloux

Quand se perdre est un mauvais plan

Je vais à présent évoquer le cas plutôt répandu du stagiaire réfractaire au plan, persuadé qu’organiser sa pensée briderait sa créativité, ce qui paraît pour le moins cocasse. Il cherche par tous les moyens à contourner les règles élémentaires de la construction du récit – et surtout les efforts indispensables que cela représente – pour s’aventurer au petit bonheur la chance là où son inspiration du moment veut bien le guider. C’est uniquement hors de ce « carcan » que selon lui il pourrait donner toute l’étendue de sa dimension artistique…

Rire d’une idée reçue à s’en décrocher la mâchoire

De nombreux débutants vivent dans cette aimable illusion d’une histoire se déroulant sans faille au fur et à mesure qu’on l’improvise. Mais à vouloir n’écrire qu’au fil de la plume, on finit par en perdre. Si se faire plaisir doit être au prix d’incessants rafistolages narratifs pour au final ne rien proposer de mieux qu’un texte sentant la colle à rustine à plein nez, on voit vite quel maigre bénéfice on en retire. À force de piétiner, la plupart des écrivains en herbe finissent par revenir de cette croyance qui prête au plan des mâchoires castratrices.

Pas de texte, ni de créativité sans structure

On n’abandonne ni son style ni son originalité en structurant son texte du début à la fin. Au contraire, ils seront d’autant plus mis en valeur que l’attention du lecteur ne sera pas parasitée par les défauts de construction et les incohérences. Quant à ceux qui ne sachant où ils vont, ils ne risquent pas de se perdre, je ne peux que leur donner raison : on ne se trompe en effet jamais de direction quand on tourne en rond…

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Comment écrire un livre lorsque l’on est un auteur pressé ?