Apprendre & Pratiquer le métier d'écrivain

Faites rêver votre lecteur

Plonger dans un monde imaginaire, pour rêver, le temps d’une évasion en tant que lecteur ou auteur, proposition intéressante, non ?

Qui n’a jamais espérer détenir le pouvoir d’imprégner ses histoires de poudre de fée, ce saupoudrage magique qui ferait s’envoler vos mots vers l’esprit et jusqu’au cœur de votre lecteur ? Qui l’enchanterait en répandant dans le maelstrom de ses pensées parfois sombres la calme luminosité d’une lecture dont le côté charmant l’apaiserait ? Si la littérature s’empare de tous les sujets passant à portée d’idées, s’accrochant à la rugosité du quotidien, elle est aussi à même de puiser l’eau merveilleuse étanchant notre soif de rêveries exaltantes…

Refusez l’interdiction du rêve

Rêvons-nous les uns les autres

Le rêve, c’est l’évasion. Veuillez redescendre de ce mur et regagner votre cellule, monsieur, s’il vous plaît. C’était une image. À quoi échappe-t-on, quand on lit une histoire nous entraînant dans une agréable rêverie ? Sachant que les rêves des uns ne sont pas forcément ceux des autres, cela peut aller de fuir un quotidien qui nous oppresse jusqu’à imaginer une existence encore meilleure que celle nous satisfaisant pourtant en grande partie. La part d’inaccessibilité de ce que nous procurerait ce bonheur de vivre contient en elle ce que l’on se refuse et ce que l’on s’autorise.

Ce qui n’existe pas nous est familier

Dans le premier cas, ce qui assouvirait nos envies demeurera consciemment ou non inatteignable. Dans le second, on se réserve la possibilité de croire que rien n’est figé. Et par-là, que ce à quoi on s’est habitué ne s’est pas mué en une résignation dans laquelle nous serions enfermés. La lecture d’un roman, ou d’une nouvelle, ne s’embarrasse pas de ces considérations : elle nous propose un monde virtuel tout en le faisant entrer en collision avec la réalité du nôtre. Ce qu’une histoire raconte pioche la plupart du temps dans un ensemble d’éléments aisément identifiables, même sous des formes n’existant pas en tant que telles, mais « reconnaissables » comme le prolongement de ce qui nous est familier.

Une mouette dans l’espace

Un exemple tout simple : Vous avez tous déjà vu un avion traverser le ciel, n’est-ce pas ? Hum ? Non, mademoiselle, là il s’agit d’une mouette, et ce qui s’évacue de son arrière-train ne ressemble pas vraiment à la traînée due à la condensation de la vapeur d’eau rejetée par les moteurs d’un aéronef. Passons. Un avion, donc. En y apportant des modifications sorties ou pas de leur imagination, des auteurs de science-fiction en ont fait des vaisseaux sillonnant l’infini spatial jusqu’à la dernière porte à gauche. Oui, j’ai une conception assez particulière de l’univers.

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Une planète qui scintille de rêves

Les rêves n’ont pas froid aux yeux

Mais là encore, passons je vous prie, car j’aimerais bien revenir à l’exemple duquel je me suis moi-même éloigné de quelques parsecs… non mademoiselle, pas « pastèque », « parsec ». Bref. Pour celles et ceux d’entre nous rêvant d’aller habiter sur Mars, en tant qu’écrivain, c’est un voyage que nous mettons à portée d’yeux, une chimère que l’on touche du bout du doigt en tournant les pages d’un livre. Je concède volontiers que se rendre sur Mars où règne une température moyenne au sol d’environ – 60° n’emballe pas tout le monde, mais comme je l’ai dit, à chacun son rêve.

Quand l’imaginaire se voûte

Alors laissez-moi garer ma soucoupe là où j’en ai envie, gzltqùptt ? Quoi,  gzltqùptt ? Ça signifie « d’accord » en martien. N’hésitez pas à consulter le dictionnaire terrien/extraterrestre si jamais vous avez un doute sur le sens d’un mot. De rien. Et permettez-moi également de croire qu’il m’est aisé de me servir d’un croissant de lune comme d’un porte-manteau pour pendre mon écharpe et mon chapeau à la voûte stellaire si jamais un écrivain m’affirme que rien ne saurait m’en empêcher. Après tout, qui retiendra mon imaginaire de décoller d’un livre si les phrases qu’ils renferment lui assurent que c’est de l’ordre du réalisable ?

Une plaisante ambiguïté littéraire

Si un auteur parvient à nous mettre littéralement la tête dans les étoiles avec un sujet dont notre imagination peut à peine concevoir les contours, il y a moyen qu’un lecteur se laisse aller à une douce divagation romanesque pleine de gravité. Plus terre à terre, quoi. Gravité, terre à terre, vous l’avez ? À votre sourire indulgent, je devine que oui. L’amour n’est pas l’unique sol fertile propice à l’émergence de rêveries fécondes en images colorant les âmes empêtrées dans la grisaille des jours. Mais c’est un sentiment dont l’ambiguïté littéraire me plaît.

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L’amour d’un rêve ou le rêve d’un amour ?

Haleine fraîche pour baiser à bout de souffle

Aime-t-on que des personnages de papier deviennent amoureux l’un de l’autre, ou envie-t-on le fait qu’ils le soient ? Est-ce un état auquel on aspire durant une période où aucun lien fort ne nous unit à quelqu’un ? Ou, étant en couple, Un adultère d’encre rose ? Le flirt de nos regrets avec nos espoirs, peut-être. Décrire la vie onirique du cœur procure un battement poétique à l’écriture auquel beaucoup de lecteurs sont sensibles. Les baisers tardant à venir éclairent un récit d’une fraîcheur volatile qu’un drame peut obscurcir à tout moment. Guetter impatiemment leur imprégnation dans un texte peut tenir aussi bien en haleine que le plus efficace des thrillers !

La gentilhommière du marketing

Les histoires de romance ont connu un renouveau et ont plutôt la cote depuis une douzaine d’années, notamment avec la sortie de 50 nuances de Grey, et même, avec le premier tome de Twilight (Fascination) en 2005 et son mélange des genres – sentimental et fantastique – depuis bientôt vingt ans. Des best-sellers qui ont bien sûr fait des petits s’inscrivant dans la « New Romance ». C’est quoi cette bestiole ? Du marketing, répondrais-je si j’étais cynique, car en donnant une appellation à la forme moderne d’un genre préexistant, on peut se joindre au Monsieur Jourdain du Bourgeois gentilhomme en disant comme lui : « Par ma foi, il y a plus de quarante ans que je dis de la prose sans que j’en susse rien, et je vous suis le plus obligé du monde de m’avoir appris cela. ».

Salle d’embarquement des émotions

La New Romance, ce sont tout bêtement des histoires d’amour où, si le sexe n’est pas mis en avant (si j’ose dire. Ah oui tiens, j’ose), il est présent explicitement. Un plus notable, par ailleurs : elle intègre des problèmes sociétaux concernant les ados, les adulescents et plus globalement le lectorat féminin. Ce n’est sûrement pas pour rien que ce sont des auteures qui trustent les – (très) gros – succès du genre. Les récits sont centrés sur des événements pétillant de tendresse coquine s’adressant à leurs lectrices sur le ton de la confidence, du partage d’émotions liées aux turbulences du cœur et des interrogations qu’elles suscitent. Bien sûr, un dénouement heureux est pour ainsi dire invariablement de rigueur. Les chagrins sont passagers, mais c’est le bonheur qui pilote. Mademoiselle, vous vous souvenez de l’avion ? Voilà.

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Du feu dans la romance

Vitrine et arrière-boutique

Les émois amoureux et l’emballement des pulsations cardiaques à la seule vue de la personne aimée demeurent la vitrine de ce genre. Les moins timorés auront néanmoins accès à l’arrière-boutique. Les joues en feu avant qu’il ne se transmette ailleurs. Hum… C’est donc pompier bon œil qu’on s’enhardira à se dévêtir de ses préjugés pour circonscrire l’incendie du bûcher sur lequel certain(e)s souhaiteraient voir brûler une littérature qui en ferait trop sans en dire assez. Mes seules lectures grivoises se bornant aux rapports de la cour des comptes (et si vous croyez ça je pense pouvoir vous vendre très cher un mégot de cigarette ayant prétendument était le dernier fumé par Jack London), je vous laisserai vous faire une idée de la chose grâce aux deux paragraphes magnifiquement instructifs ci-après. Si. Après.

Le gothique florissant

Lointaine héritière de la romance gothique du 19ème siècle un peu polissonne, mais à mots couverts, la New Romance compte donc ses détracteurs lui reprochant majoritairement son côté faussement torride et sa niaiserie sentimentalo-sentimentale. Pour autant, son lectorat est important et fidèle, et surtout pas plus bête qu’un autre. Au point que ce genre, par la volonté de la maison d’édition Hugo Publishing de le voir prospérer, a pu profiter à partir de 2016 d’une exposition médiatique à travers un festival lui étant exclusivement dédié. Quand un « sous-genre », dans une acception non péjorative, draine du public sur la durée, on peut y voir le signe d’une littérature florissante répondant à une attente d’un lectorat identifié.

Les dentelles du vagabond

Pour qui veut se laisser tenter par des étreintes rêveuses afin de s’introduire dans le milieu, ce n’est pas une littérature nécessitant forcément un style plus riche en dentelles que de la lingerie féminine, mais on l’aura compris, un esprit vagabond n’a pas besoin d’être apprêté pour faire froufrouter l’imaginaire du lecteur. De belles âmes jouissant de leur corps en privilégiant clairement l’érotisme à la pornographie, même si certains ébats seront pimentés de façon ludique par des auteures sans jamais verser dans des rapports graveleux ; voici, en quelques grandes lignes, la recette de la New Romance. Attendez, en-dessous, il y a un peu de rab à joie.

Des rebondissements aériens

On peut faire naître ou entretenir des fantasmes en n’étant pas jusqu’au-boutiste, ce à quoi s’attachent les auteur(e)s œuvrant dans la New Romance. L’état d’esprit dominant ce genre se veut avant tout positif, les peines légères et la façon de les consoler visant des ressources aériennes plutôt que des épanchements sans fin plombant l’ambiance. Les héroïnes finissent la plupart du temps par rebondir de façon radieuse après un déchirement amoureux qui dans la vie réelle en aurait dévasté plus d’une. Qui a dit : « Donc deux » ? Veuillez prendre la porte, je vous prie. Oui, la dernière à gauche de l’infini spatial.

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I feel good ! ♪♫

Les excès idéaux

La littérature dites feelgood participe également du romanesque étudié afin de générer une joie chez son lectorat. La rêverie fréquentant les romans se rattachant à ce genre est moins ouvertement la cible de Cupidon, mais il n’est pas rare que des attachements forts se déploient entre les personnages, au point d’idéaliser les excès auxquels cela peut les amener. En marge d’existences bien rangées, ces récits se construisent sur l’originalité du mode de vie de ses héros, de personnages dont l’extravagance est la force, un moteur débridé carburant à un humour euphorisant.

Les effusions nonsensiques

Les actes affranchis des règles régissant d’ordinaire notre parcours ici-bas font jubiler le lecteur par la possibilité d’une transgression plus ou moins innocente allant souvent de paire avec l’inconséquence. Selon les histoires, la réalité s’accommode tant bien que mal d’une vraisemblance diffuse planant au-dessus de rivages nonsensiques. L’absurde et le loufoque courent ainsi l’un vers l’autre dans un ralenti lelouchien. Difficile pour le lecteur de deviner s’ils vont se sauter au cou de l’autre en pleurant ou se frôler sans s’arrêter en éclatant de rire. Le feelgood est un grain de folie littéraire libérant, le temps d’un roman, notre quotidien de la camisole de ses obligations.

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Le rêve à toute vapeur

La poésie évaporée

Le steampunk et son univers rétrofuturiste laisse s’évacuer de la vapeur de ses machines gigantesques les jets d’une poésie chuintante. Issues de la première révolution industrielle, les uchronies qui caractérisent ce genre développent une esthétique dont l’environnement est souvent ancré, pour sa part référentielle, dans l’époque victorienne, voire adopte des codes de la Belle époque. Autant reconnaissable à ses monstrueux rouages qu’à ses matériaux comme le fer, le cuivre ou le laiton, le steampunk frappe par son aspect visuel, son côté inventif et des figures obligées tels ces appareils volants de type dirigeable sillonnant le ciel des villes.

La nostalgie réinventée

Ajoutez à cela un look vestimentaire hétéroclite et exubérant, des aventures dont JulesVerne est l’un des pères fondateurs, une empreinte science-fictionnelle plus ou moins prononcée, des sociétés secrètes, des savants fous ainsi que l’imagination bouillonnante des « vaporistes », et vous obtiendrez un cadre hétérogène au sein duquel les rêveries les plus frappadingues voient le jour. Dans une nostalgie ne cessant de se réinventer, des personnages hauts en couleur enquêtent, voyagent, font des découvertes merveilleuses, rencontrent des figures littéraires célèbres (Sherlock Holmes, Dorian Gray, etc.), ou historiques (Méliès, Victor Hugo, etc.), bref, tout sert à faire de ce genre un carrefour de nombreuses influences tout en conservant son identité propre.

Les androïdes rêvent-ils de cheminées à vapeur ?

Ce n’est pas uniquement par fantaisie que j’effectue cet emprunt détourné à Philip K. Dick. Comme on l’a vu, les machines occupent une place prépondérante dans la littérature steampunk, et parmi cet attirail de ferraille, les robots ont un rôle particulier et très diversifié selon le stylo-tournevis employé par l’écrivain afin d’élaborer sa créature de métal. Hors de leurs tâches utilitaires variées, les robots possèdent ainsi pour nombre d’entre eux une fonction décorative s’apparentant de près ou de loin aux signes extérieurs de richesse de notre société moderne.

Le robot décapotable

Le beau l’emporte sur ce à quoi le robot est à l’origine destiné, comme on peut le voir de nos jours pour le design des voitures indiquant par sa recherche et sa singularité le prix qu’elles valent. Pourtant, elles ne nous servent qu’à nous transporter d’un point A à un point B. Plus ou moins confortablement, plus ou moins vite, mais c’est à la base la raison pour laquelle on les a assemblées sur des chaînes de montage. Il s’avère que notre robot steampunk peut ne se résumer qu’à un tas de boulons rouillés, le véhicule de monsieur-tout-le-monde, ou que son visage s’orne d’un subtil mécanisme apparent dont chaque rouage est une pièce d’orfèvrerie luxueuse, l’équivalent d’une sportive décapotable, si l’on veut. Dans quel but ? Pour faire rêver celui qui le contemple…

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Avant de nous assoupir…

Un repas pour les songes

En me relisant, j’ai constaté que le terme imagination et ses dérivés revenaient plus souvent qu’un cauchemar de correcteur. En temps normal – si jamais une normalité temporelle existe, du moins –, j’aurais veillé à limiter l’impact répétitif que ça pourrait laisser dans l’esprit du lecteur. Pour tout vous dire, cela m’aurait probablement agacé que des répétitions prennent impunément leurs aises dans ce troupeau de lignes dont je suis le berger. Il se peut même que l’envie d’agiter en tous sens ma vieille houlette métaphorique de correcteur d’édition (une autre époque) se soit glissée sous mon crâne. Finalement, non. L’imaginaire est la nourriture la plus éclairée de nos songes. Et j’aime que mes rêves s’endorment après un lumineux repas…