Apprendre & Pratiquer le métier d'écrivain

Le syndrome de la page blanche

Afin de ne plus broyer du noir face au syndrome de la page blanche, nous allons voir dans cette seconde partie comment ne pas se déconsidérer lorsqu’une panne de stylo ou de clavier nous prend au dépourvu. Et essayer de ne pas rester en rade durant des jours à fixer sa page ou son écran d’un regard vide, en ayant l’impression que des courants d’air nous traversent l’esprit…

Les causes

Le constat amiable

Parfois, la page blanche s’impose à nous car on a oublié la dimension plaisir de l’écriture. Écrire est devenu, pour on ne sait trop quelle raison, aussi enthousiasmant que de remplir un constat amiable après un accident. On met des croix dans des cases en examinant les dégâts. La joyeuse envie de construire une phrase nous est devenue inaccessible du jour au lendemain. Comment réagir ? À mon humble avis, même si ce n’est pas toujours évident, il faut essayer de chercher la cause de ce coup d’arrêt. On peut être mal luné, préoccupé, fatigué, etc., mais toujours est-il que ce syndrome ne sort pas de nulle part.

Ni vaincu, ni résigné

C’est pourquoi il me semble important de remonter à la source de cet échec temporaire, et pour ce faire, de ne pas se précipiter. S’acharner ne sert à rien, dans ces moments-là. Ce n’est pas s’avouer vaincu que de renoncer provisoirement à se coller devant notre ordi. Les coups de mou, c’est ça le plus dur. Vous savez, quand vous allumez votre bécane et que subitement, quelque chose en vous dit « NON ». Identifier ce qui génère ce refus est précieux dans le sens où, le comprenant, cela ne remet plus en cause notre capacité à écrire. Il faut accepter de ne pas toujours être en mesure d’aligner des phrases, sans se résigner pour autant, cela va sans dire.

Le faux bond du lapin

Il est primordial de ne pas se dévaloriser, aussi, je le répète, trouver l’origine de cette mauvaise phase est-il indispensable. Cela permet, une fois le problème détecté, de dissocier notre pénurie d’idées de notre talent, pour ne surtout pas établir un pont entre les deux. Ce n’est pas parce que l’inspiration n’est pas certains jours au rendez-vous qu’elle va nous poser un lapin à vie. Et je ne fais pas allusion à une de mes amourettes d’adolescence. Pas du tout. Non mais. Nous allons en tout cas tout de suite voir comment éviter qu’elle nous fasse le moins possible faux bond.

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La routine bénéfique

Les rituels

Nous autres, écrivains, sommes faits de routines. Je ne sais pas comment vous débutez votre journée d’écriture, ni à partir de quand elle commence. Mais une chose est certaine, c’est que nous possédons nos rituels, même si tout le monde n’en a pas conscience. Que ce soit la première action en nous levant, ou la façon dont on ritualise l’accès à notre texte, nous avons besoin de quelque chose de sécurisant. Pour moi, dès le saut du lit, ça consiste à allumer mon ordinateur, ainsi que la radio, puis à ouvrir la fenêtre de mon bureau pour l’aérer, qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige.

De l’assurance dans la gamelle

C’est le top départ de mon temps de travail. Je passe ensuite à mes tâches matinales habituelles, comme préparer les gamelles des toutous et m’occuper du petit déjeuner, des gestes machinaux pendant lesquels mon esprit commence à turbiner. Après ça, une fois mon café ou mon jus d’orange avalé, je reviens dans mon bureau qui, en cette période, a eu le temps de se prendre un bon coup de frais. Je n’écris pas forcément tout de suite, mais je sais m’être déjà mis dans de bonnes dispositions intellectuelles. Avoir accompli des choses même basiques, aussi curieux cela soit-il, me procure une certaine assurance à l’instant où je vais me confronter à cette page attendant mes mots.

Rêvasser jusqu’aux muses

Je n’écris pas obligatoirement tout de suite ; je peux rêvasser une bonne demi-heure avant de m’y coller, voire une heure. Peu importe, je rassemble un bon paquet de phrases durant ces envols cérébraux. Puis, quand je me sens prêt, c’est-à-dire quand la routine est achevée et que toutes mes muses sont convoquées, je me lance. Je ne dis pas que le résultat est fameux à chaque fois, mais au moins, j’ai vaincu en ce faisant la plupart de mes résistances. Alors, de votre côté, essayez d’élaborer une routine non artificielle mais correspondant à votre manière d’être. Je vous assure que ça portera ses fruits. Et pour le cas fort improbable où ça ne fonctionnerait pas pour vous, je vous signale que cet article ne sera ni repris ni échangé.

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Le perfectionnisme contre productif

De la lave dans le cerveau

C’est une chose dont j’ai un temps été « victime ». La volonté de vouloir trop bien faire alors qu’on ne peut faire mieux. Ça m’a valu de longues soirées de découragement, quand je voyais que le texte ne jaillissait pas alors que je me pensais être un volcan d’inventivité. Vous avez sûrement connu ça (ne me dites pas que je suis un cas isolé, par pitié !), ces fois-là où notre esprit bouillonne d’une telle lave créatrice qu’on pense qu’elle va dévaler aisément les flancs de notre récit. Et puis que dalle. On va se pieuter la rage au cœur, car on n’est pas parvenu à extirper l’embryon d’une bonne idée de notre ciboulot. Et ça, c’est rarement productif pour le lendemain et pour les jours qui suivent.

Les sommets inhibitifs

En fait, c’est tout bête : on a calé sur une chose sans importance, et l’on s’est focalisé dessus en oubliant que nous possédions bien d’autres arguments. Vouloir accéder à certains sommets nous étant inaccessibles est une dangereuse source inhibitive. Savoir se contenter de ce qu’on peut atteindre possède à l’inverse un côté libérateur. Quand on a compris ça, on relance le moteur, et c’est reparti comme en Charentes (comment ça, ce n’est pas la bonne expression ?) ! Bien sûr, cela n’exclut pas de viser l’excellence, mais il faut trouver un équilibre afin que notre quête de la perfection ne devienne pas un frein.

Quand l’imagination se rend ailleurs

Une solution pour ne pas galérer plus que de raison en pareil cas est de se consacrer à une autre partie de notre roman ou de notre nouvelle. Laisser refroidir un passage pour commencer à alimenter le feu d’un autre. Après tout, à condition d’avoir un solide plan en tête, et donc d’être certain(e) de pouvoir s’y retrouver par la suite en abordant un nouveau chapitre, autant ne pas perdre de temps. Cela peut permettre de se délier les neurones sur un autre paragraphe que celui nous posant problème. À ma connaissance, il n’existe aucun oukase interdisant de s’aérer l’imagination dans un ailleurs textuel, alors autant en profiter !

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