Comment écrire une nouvelle ?
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La nouvelle, une forme à part
« La nouvelle est un genre mineur, car elle va au fond des choses !» Frédéric Barbas
Définition de la nouvelle littéraire
Ce « récit généralement bref, de construction dramatique. » selon Le Petit Robert, a connu au cours du temps diverses formes, hésitant entre le conte, le roman court, le récit « d’un événement inouï qui a eu lieu» (Goethe), une littérature d’étonnement, ou encore « une histoire que l’on raconte bien » dans la culture japonaise. Sa forme imprécise la rend insaisissable pour les théoriciens qui aimeraient en fixer ses règles de composition.
Elle peut utiliser tous les genres littéraires et les combiner entre eux : sentimental, autobiographie, polar, science-fiction, etc. On dit d’elle qu’elle est l’art de la brièveté, de l’ellipse, du découpage, de la chute, du tableau. « La nouvelle est à la littérature ce que le clip est au cinéma. » La Nouvelle, association française des enseignants de français, N° 97. « Genre à mille visages, « la » nouvelle n’existe pas : comme dit Walter Pabst, il n’y a que des nouvelles. » Encyclopédie Universalis, Ed. Albin Michel.
« Œuvre littéraire où l’on narre une action entièrement ou partiellement imaginaire, dont la fin est de causer au lecteur un plaisir esthétique en décrivant ou dépeignant des événements ou actions intéressantes ainsi que des caractères, des passions, des mœurs. » Dictionnaire de l’académie royale espagnole, citée dans le Dictionnaire des genres et des notions littéraires, Encyclopédie Universalis, Ed. Albin Michel.
On distingue deux grands types de nouvelle : la nouvelle “à chute” et la nouvelle instant, présentées ci-après.
La nouvelle à chute
Le récit se développe à partir d’une structure réfléchie. Il s’agit d’un mécanisme narratif élaboré pour produire des effets sur son lecteur (surprise, stupeur, révélation…). L’histoire se noue et se dénoue en une suite d’événements organisés, choisis en fonction des effets que le rédacteur cherche à créer.
L’intrigue pose un problème, porte en elle une crise et tend vers une résolution heureuse ou malheureuse. Travailler l’intrigue, c’est couper le superflu, comploter des effets de surprise, imaginer des retournements de situation, des révélations.
Une histoire se compose d’une exposition : le héros est présenté en action, l’enjeu d’une difficulté est posé puis développé jusqu’à son paroxysme (le nœud de l’histoire). Le dénouement est mené sur les chapeaux de roues : « C’est ce que l’on appelle des histoires à chute parce que c’est seulement dans la dernière phrase, voire dans le dernier mot que le sens véritable de l’histoire se révèle de manière soudaine, tandis que le sens précédent se retourne parfois comme un gant, laissant le lec teur médusé.» Elisabeth Vonarburg, Comment écrire des histoires, le guide de l’explorateur. Ed. La Lignée (Québec)
L’habileté à rédiger une chute constitue le principal critère de réussite : plus le rédacteur parvient à subjuguer son lecteur, à captiver son esprit pour l’emmener où il veut jusqu’à la fin où il lui réserve « une phrase choc qui clôture le récit sur un effet saisissant. » (René Godenne), plus le récit est abouti.
La nouvelle instant
Elle ne comporte pas d’intrigue et se centre sur un instant particulier, exceptionnel, de qualité : un état d’âme, une sensation… A travers ce récit, un narrateur se met « en scène », explique la situation, illustre des comportements.
La fin n’est pas dictée par la nécessité d’une chute. Ce récit forme néanmoins un ensemble clos qui laisse le lecteur sur une impression d’accomplissement, d’achèvement. Dans le cas contraire, il s’agit d’une autre forme littéraire : le fragment.
La nouvelle « semble être faite de rien, sinon d’un instant, d’un geste, d’une lueur qu’elle isole, dégage et révèle, qu’elle emplit de sens et de pathétique. » Marcel Arland, cité par René Godenne, La nouvelle française des origines à nos jours. « Les choses les plus simples, les plus humbles, sont celles parfois qui nous mordent le plus au cœur. » Guy de Maupassant
Quelques règles
- Le sujet est unique et restreint
- La durée de l’histoire est un temps resserré
- Peu de personnages
- La concentration de l’action s’accompagnant d’une recherche d’intensité
- L’action prime sur la psychologie des personnages, les descriptions…
- Les situations sont évoquées de manière épurées
- La concision du style et la brièveté
Un style épuré et saisissant
L’art du bref Selon André Gide, « La nouvelle est faite pour être lue en une seule fois.» Cette caractéristique nécessite donc que le rédacteur soit concis, fasse évoluer rapidement son récit, recherche la fulgurance et le saisissement des effets.
Le style est rapide, alerte, incisif, nerveux : un maximum de sens et d’effets avec un minimum « Écrire d’abord. Puis supprimer. Condenser. Réécrire. Gommer. Corriger l’excès. S’arrêter quand il n’y a plus rien à ôter. Par crainte d’être bavard, gratter la phrase jusqu’à l’os. Dire le moins pour suggérer le plus. La nouvelle comme littérature diététique. » Jean Noël BLANC
« La nouvelle plus resserrée, plus condensée, jouit des bénéfices éternels de la contrainte : son effet est plus intense ; et comme le temps consacré à la lecture d’une nouvelle est bien moindre que celui nécessaire à la digestion d’un roman, rien ne se perd de la totalité de l’effet. (…) Si la première phrase n’est pas écrite en vue de préparer cette impression finale, l’œuvre est manquée dès le début.» Charles Baudelaire, cité dans L’atelier d’écriture, éléments pour la rédaction littéraire. Anne Roche, Andrée Guiguet, Nicole Woltz. Ed. Nathan Université.
Une nouvelle qui n’a pas su bousculer son lecteur est condamnée à l’oubli.
Une quête d’effets pour marquer les esprits
« La première phrase c’est le pied d’un arc qui se déplie jusqu’à l’autre pied, à la phrase ter minale… La première phrase c’est le “LA” auquel l’écrivain prête l’oreille en vérifiant et en retenant l’unité stylistique.» Louis Aragon, Je n’ai jamais appris à écrire ou les incipit coll. Les sentiers de la création, Ed. Skira
« Je préfère pour ma part une autre métaphore : modestie des moyens, économie des gestes, vigueur du trait, justesse du tracé la vivacité de la nouvelle est celle du croquis. Une touche de couleur, une indication de ligne, la trajectoire d’un mouvement qui se dessine, l’énoncé d’une attitude prise d’un trait, le caractère enlevé d’une esquisse, et tout est dit. Le geste effaré est retenu, l’émotion est saisie : il y a saisissement dans l’art de la nouvelle.
Lorsque c’est réussi, le texte a la clarté d’une gravure sur cuivre : la franchise, la précision et l’audace d’un premier jet, sans qu’y apparaisse le moindre repentir. Le trait mord. Alors la pointe sèche évite la sécheresse. Un rêve passe, l’émotion s’y fait entendre, en sourdine. Point d’autre secret que la morsure du trait.
L’idéal : que le texte de la nouvelle se mette à travailler le lecteur, insidieusement. C’est-à-dire que le texte travaille, et reste en bouche longtemps après la lecture. Que, malgré le mot “fin “, on ne l’oublie pas, à la fin. Que la nouvelle fasse son petit travail de nouvelle, en somme.» Jean Noël BLANC, Prix du jeune écrivain francophone.
Un défi technique
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