Écrivain public : un métier pour vivre de sa plume
Un métier mal connu et en constante évolution…
Des activités d’écriture aux contours flous
Le métier d’écrivain public est associé aux démarches de la vie courante : des correspondances administratives auxquelles s’ajoute l’orientation vers des services administratifs ou encore vers des professionnels du droit. Les demandes d’aide sont multiples : correspondances privées, écrits professionnels, livres de souvenirs, guides pratiques, romans, rédaction de biographies… tout reste envisageable. La seule limite reste la compétence de l’écrivain public !
Les besoins les plus fréquents sont les suivants :
- Se faire aider pour rédiger une thèse, un mémoire ou un CV
- Faire valoir ses droits auprès des administrations
- Partager ses souvenirs avec ses petites enfants et enrichir le patrimoine familial
- Laisser des traces de son parcours, effectuer un bilan personnel
- Se débarrasser de son secrétariat pour se concentrer sur le cœur de son métier : rédaction de rapport, secrétariat à la demande
- Présenter des textes impeccables pour valoriser l’image d’une entreprise, des produits et des services.
À la grande variété d’écrits s’ajoute à une multitude d’intitulés : co-auteur, compagnon d’écriture, conseil d’écriture, correcteur écrivain, collaborateur, écrivain conseil, écrivain fantôme, écrivain familial, écrivain privé, nègre, rédacteur, rewriter…
Ajoutons aussi les métiers du web et ceux qui pratiquent le métier sans le nommer : blogueur, community manager, web journaliste… C’est bien la preuve que ce métier que l’on a dit mille fois moribond n’a eu de cesse de se réinventer afin de rester rentable.
Une profession victime de préjugés
Le métier d’écrivain public ne se limite donc pas à écrire à la place de personnes illettrées ou d’origine étrangère ou encore dans l’incapacité de s’exprimer (inhibition, timidité, indisponibilité, manque de savoir-faire …). Il y a ceux aussi qui ne veulent pas écrire, d’autres qui éprouvent des difficultés physiques ou intellectuelles, d’autres encore qui ont perdu l’habitude d’écrire et la confiance en eux.
« L’expérience prouve – assez paradoxalement, il faut l’avouer – que ce sont des catégories socio-culturelles les moins intellectuellement concernées (donc les plus cultivées et les plus instruites) qui ont recours aux services de l’écrivain public : cadres supérieurs, professions libérales, industriels, commerçants […].
Ces catégories, en un premier temps, mieux que les autres sont informées par la presse écrite, orale ou audiovisuelle. En un deuxième temps, elles sont composées de gens très conscients de leurs compétences en tel ou tel domaine. Donc des spécialistes qui n’éprouvent aucune gêne à reconnaître une certaine difficulté dans tel ou tel cas particulier, et dans le domaine rédactionnel en l’occurrence. » Les écrivains publics, Huguette Spitz & Jean Mellot, ; Ed. Christine Bonneton.
De nombreux débouchés
Internet a apporté de nombreuses facilités, modifié des comportements et démocratisé l’accès à l’écriture, l’édition en ligne et à l’autoédition. Ce qui a contribué à multiplier les débouchés.
La vocation d’écrivain : une valeur culturelle française
« Tout le monde veut être écrivain, mais tout le monde ne sait pas écrire, le métier de nègre est là pour y subvenir. […] Souvent avant d’atterrir sur le bureau du correcteur, le manuscrit est réécrit (en français « rewrité » »). Lucien Bodard l’était pour Marie Cardinal. Yann Queffélec dut, dit-on, « aidé » à ses débuts par sa marraine Françoise Verny. Le travail du rewriter va du simple peignage du texte (chasse aux faux sens, aux anacoluthes, rétablissement de la ponctuation) à la refonte du chapitrage, la réécriture de pans entiers, la rédaction d’ajouts estimés indispensables. Y sont soumis la plupart des documents et récits signés par des non-professionnels de la plume : médecins, avocats, astrologues, comédiens, ainsi que les Mesdames-et-Messieurs-Tout-le-Monde-victimes-témoins-d-un-événement-exceptionnel. Dans ce cas, le rewriter doit surtout se montrer rapide et efficace. Le défi, c’est d’être en librairie le lendemain de l’acquittement ou le matin du jour où l’on se fait euthanasier. » Tant qu’il y aura des tomes… Les dossiers du Canard enchaîné, octobre 2004, p.40.
L’accès à l’édition de tous
Dans un monde hyper connecté, l’écrit exerce un rôle prédominant. Si les particuliers et les professionnels possèdent des besoins variés, leurs écrits nécessitent le plus souvent d’être visibles donc de recourir à l’édition. Le métier d’écrivain public s’est fait une place dans le secteur de l’édition sans pour autant faire partie officiellement de la chaîne des métiers du livre. Il s’est développé en dehors du circuit traditionnel. La demande crée la profession.Ce métier peut s’exercer en tant que salarié auprès de mairie, centre de détention, associations… ou en libéral.
L’émergence de réseaux d’écrivains
Une des grandes évolutions du métier est le regroupement des écrivains en réseaux. Cette visibilité répond et stimule les demandes. Voici les plus importants :
AEPF Académie des Ecrivains Publics de France
http://ecrivains-publics.fr
Le GREC : Groupements des écrivains conseils
https://ecrivainsconseils.net/
Nègres pour inconnus, biographes familiaux, écrivains biographes
http://www.npi-biographe.com/
Les compagnons biographes
http://www.compagnonsbiographes.net/ecrivains/Notre-formation.html
Réseau international d’écrivains biographes
http://www.scribiomemo.com/
Le marché de l’écriture : une croissance constante
Des organismes institutionnels ont effectué des études et confirment régulièrement la bonne santé de ce marché.
« Ainsi, ce métier, d’abord faiblement représenté et longtemps réputé peu lucratif, se développe-t-il désormais de façon satisfaisante : davantage de cabinets créés se pérennisent et permettent de dégager un revenu décent, à condition de consentir, au départ et tout au long de l’exploitation, un investissement personnel et financier approprié. » Ce constat a été réalisé par anciennement L’APCE, L’agence France Entrepreneur. Il est possible d’acquérir cette étude de marché en cliquant sur ce lien. http://boutique.apce.com/culture-arts-communication/112-ecrivain-public.html
L’observatoire de l’activité libérale montre dans son étude réalisée en 2013 que le revenu moyen est de 51427 € par an pour 207 professionnels dont 63 % sont des femmes.
♦Téléchargez l’étude
https://www.entreprises.gouv.fr/files/files/directions_services/etudes-et-statistiques/Donnees_detaillees/Professions_liberales/ecrivain-public.pdf
Quels sont les qualifications requises pour exercer ce métier ?
De sérieuses compétences en écriture
Un bon niveau d’expression écrite et une orthographe irréprochable sont indispensables mais insuffisantes. Toutes les formes d’écrit possèdent ses règles et des exigences spécifiques. Ecrire une biographie, rédiger un rapport ne s’improvisent pas. Sans parler de la manière de formuler, de raisonner, de présenter des arguments ou des informations en tenant compte de ses lecteurs…
Avec la publication des textes en ligne, les prospects exigent des références et des exemples de réalisations avant de choisir. A l’ère des ordinateurs et des esprits connectés, l’exigence s’accroît sans répit : plus de résultats, plus de visibilité, plus de rapidité et de réactivité.
Dans ce métier, ce ne sont pas les diplômes, les titres universitaires qui garantissent la réussite, mais la compétence, les performances professionnelles et entrepreneuriales. Sans parler de la capacité à s’adapter à des demandes de plus en plus personnalisées.
L’écrit et les pratiques de lecture évoluent elles-aussi et au même rythme effréné d’Internet. Un roman ne s’écrit plus comme à la fin du 19ième siècle. L’e-mail remplace de plus en plus la lettre postale. Les rapports de plus en plus synthétiques s’inscrivent dans des processus de communication collaborative. La communication s’adapte aux outils informatiques. Il faut produire toujours plus en réponse à des demandes urgentes. Ce qui crée des nouveaux besoins de formation et d’adaptation. Ce qui est sans doute la caractéristique majeure de ce métier : les professionnels apprennent et se perfectionnent toute leur vie.
Les aptitudes relationnelles
Les professionnels en activité retiennent généralement ces aptitudes :
- L’empathie : être capable de se mettre à la place de son interlocuteur
- L’écoute active : une capacité à être présent, alimenter une conversation et recueillir des informations
- L’intérêt porté à autrui : être capable de se décentrer, et de créer une relation de confiance avec son client afin qu’il puisse coopérer et s’investir dans la réalisation de ce projet.
- La curiosité et le sens de l’investigation
- L’adaptabilité à des personnalités variées, à des projets personnels, à de multiples demandes
- L’observation des comportements, des évolutions du discours…
- La communication respectueuse des sensibilités de ses clients de leurs points de vue.
- Le goût du travail collaboratif et les rapports humains
N’oublions pas que la concurrence n’est qu’à un clic et que même un client satisfait reçoit les informations des concurrents… Le jugement est permanent. Ce qui nécessite une résistance au stress quotidienne et une volonté de donner le meilleur de soi.
La formation des écrivains publics
Des formations complémentaires
Les formations professionnelles se multiplient. La plupart sont courtes et se concentrent sur les modalités pratiques et juridiques du métier. Chaque réseau professionnel propose d’ailleurs sa formation afin d’aider les écrivains publics à s’installer.
L’esprit livre a adopté une position complémentaire et a choisi de s’atteler à l’apprentissage des techniques d’écriture, soit « le cœur du métier » autour de trois axes :
- L’art d’écrire
- L’animation d’atelier d’écriture
- Les écrits professionnels à l’heure d’ Internet
Cette formation d’un an est dispensée par des écrivains expérimentés, des correcteurs d’édition. Elle se déroule sur Internet de manière à favoriser l’entraînement régulier dans le cadre d’un atelier d’écriture en ligne et d’un blog. Le futur professionnel apprend dans un environnement similaire aux écrivains en activité. Les formateurs prennent la posture de l’éditeur. Au terme de sa formation, le stagiaire a l’opportunité de devenir l’auteur d’un recueil de nouvelles et d’acquérir une première reconnaissance professionnelle.
L’écriture : de la discipline à l’art
Oubliez le « facile, rapide, pas cher » et les formations professionnelles d’un métier en 2 jours. L’écriture est un exercice de lenteur qui s’inscrit à contre-courant de la fièvre activiste ambiante. Songez aussi à développer le goût de l’effort et du travail bien fait… et surtout apprenez à apprendre afin de vous adapter aux évolutions du métier.
Il existe bien des illusions concernant l’apprentissage de l’écriture. De nombreux internautes collectionnent des conseils croyant acquérir un savoir-faire. Ils entassent des brides, des astuces qui ne leur permettent pas de maîtriser l’écrit. La théorie ne sert pas à grand-chose lorsqu’il s’agit de s’y mettre !
L’apprentissage naît de la pratique régulière, de la répétition… L’écriture est une discipline dans tous les sens du terme : un vaste domaine de savoirs, d’invention, de méthodes, et de rigueur personnelle. On peut citer quelques matières :
- La connaissance de l’écriture en tant que processus de fabrication du texte
- La rhétorique
- La stylistique
- La connaissance de la littérature, de la communication écrite
- L’art de penser et de traduire en mots le fruit de sa réflexion…
« Arts des Arts, l’écriture conduit l’homme à la source de toutes les vérités. Sans elle, malgré l’excellence de sa raison, il serait encore plongé dans l’ignorance, à peine connaîtrait-il l’inestimable prix de la pensée et de la réflexion. » Les cahiers de la République, Ed. Alternatives Suzanne Bukiet & Henri Mérou.
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